Alain Juppé a t-il défendu les intérêts sionistes ?

Candidat défait à la primaire de la droite et du centre, Alain Juppé a fait l’objet de nombreuses attaques, le présentant comme un membre du « lobby sioniste ». De quoi relève exactement cette assertion, et quel est l’intérêt de diffuser une telle assertion ? Retour sur une polémique qui a fait le tour des sites complotistes.

Pour rappel, un sioniste est une personne soutenant la création d’un État d’Israël. Ce mouvement remonte au début du XXème siècle. En 1917, la déclaration Balfour, du nom du ministre des affaires étrangères britannique, défend l’établissement en Palestine d’un foyer national juif, ce qui aboutira en 1948 avec la création de l’État d’Israël, au sortir de la Shoah. Pour les ennemis d’Israël, qui contestent l’établissement du peuple juif sur ces terres, le mot « sionisme » relève du diabolique et caractérise toute action défendant Israël, ou la religion juive, au détriment de la Palestine. Chaque argument positif concernant l’État hébreu est ainsi qualifié de sioniste : quand le terme sioniste est utilisé, l’antisémitisme n’est jamais très loin. Le Hezbollah, parti politique libanais, se réfère ainsi souvent à « l’entité sioniste criminelle » et non à Israël.

Le site « Parti Anti Sioniste » qualifie donc Alain Juppé de « contor-sioniste », critiquant sa supposée capacité à « montrer patte blanche au lobby sioniste ». La raison ? Il est reproché au maire de Bordeaux d’avoir récemment déclaré sur le plateau de BFM TV que « j’entends François Fillon nous dire qu’il faut s’allier à l’Iran… Je voudrais rappeler que l’Iran, c’est le Hezbollah au Liban. Et le Hezbollah, c’est une organisation terroriste qui veut éradiquer Israël de la carte du Proche-Orient ». Cette déclaration, émettant une interrogation légitime sur le programme de politique étrangère de François Fillon, a été l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part du site « Parti Anti Sioniste ». Rappelons que le Hezbollah a été créé par les Gardiens de la révolution iranienne, dans les années 1980. Sa branche armée est considérée comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et l’Union européenne. Le Hezbollah est par ailleurs à l’origine de l’attentat de Bourgas, un attentat-suicide perpétré en 2012 par un terroriste contre des autobus de touristes israéliens : bilan, 7 morts et 32 blessés graves.

Alors au même titre que la critique de la politique d’Israël ne fait pas forcément d’un homme politique français un antisémite, la critique de la position du Hezbollah face à Israël n’est pas forcément la preuve d’un comportement sioniste. Pour Yahia Gouasmi, le directeur de ce site complotiste : « les Français ne sont plus dupes. Ils savent que nos hommes politiques, de droite comme de gauche, doivent montrer patte blanche au lobby sioniste de notre pays pour favoriser leur ascension ». Une fois de plus, la prétendue influence sioniste est utilisée pour discréditer un homme politique comme Alain Juppé qui, pourtant, est loin d’être opposé à la Palestine. En novembre 2014, il déclarait sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin « Je pense qu’une décision conjointe des pays de l’Union européenne reconnaissant l’Etat de Palestine serait aujourd’hui la bienvenue ».

Par La rédaction

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