Le 6 février dernier, Bild, emblématique quotidien allemand créé en 1952, publie, témoignages à l’appui, un article relatant des viols prétendument commis par un groupe d’immigrés, le soir du nouvel an. Des faits inventés, mais qui ont fait long feu.
Dans un reportage paru dans son édition du 6 février dernier, Bild annonce sans ambages « 37 jours après le nouvel an, les victimes brisent le silence, agressions sexuelles de masse rue Freßgass ». Le journal allemand cite deux témoins : Jan Mai, propriétaire d’un café dans le centre-ville de Francfort, et une certaine Irina A. qui aurait assisté aux viols. Ces deux personnes racontent qu’une cinquante de réfugiés, ivres, auraient semé le chaos et violé des passants, le soir du nouvel an. Un an après les agressions sexuelles commises à Cologne le soir de la Saint-Sylvestre, ces accusations défrayent la chronique.
Problème, ces assertions sont rapidement démenties par la police bavaroise, qui révèle que le premier témoin est un sympathisant de l’Afd, parti de l’extrême-droite allemande, connu pour partager de récurrents posts xénéophobes sur les réseaux sociaux. Le second témoin n’était même pas à Francfort le jour des faits. Entre temps, l’information a déjà été relayée par la version allemande du site Sputnik News et par le Frankfurter Neue Presse, un journal local de la région de Francfort.
En effet, dix jours plus tard, le quotidien allemand revient sur son article et s’excuse pour « ne pas avoir retranscrit la vérité des faits et pour les fausses allégations à l’encontre des personnes concernées », reconnaissant « un journalisme imprécis qui ne correspond en rien à (ses) standards ». Il s’avère en effet que Bild n’a pas pris la peine de recouper ses sources, obtenues suite à de brefs contacts sur les réseaux sociaux. En réponse à ces fausses informations, le parquet de Francfort a ouvert une enquête pour « fausse information sur un délit inventé ».