Marine Le Pen, candidate du système qui dénonce le système

A Châteauroux samedi 11 mars, Marine Le Pen en a remis une couche dans sa paranoïa « anti-système ». Pour la présidente du Front national (un parti qui existe tout de même depuis… 1972 !), « le ‘système’ cherche à nous vendre l’idée saugrenue, stupide d’une armée européenne ».

Comme d’habitude, Marine Le Pen prend bien soin de ne jamais dire précisément qui se dissimule derrière ce rideau de fumée qu’elle appelle « le système ». Pourtant, à Châteauroux, elle a été encore plus loi, fustigeant tout à tour les « intérêts privés« , les « influences« , le « projet mondialiste« , les « tireurs de ficelles à Wall Street ou à Bruxelles » qui, bien entendu, comploteraient contre ce « peuple » dont elle est, elle, la parfaite représentante. Point d’orgue de sa litanie, le « dîner du Siècle« , un club fondé en 1944 qui réunit des personnalités du monde politique, médiatique et économique. Pour finir, Marine Le Pen a pris soin de renvoyer dos à dos ses deux principaux adversaires : Emmanuel Macron et François Fillon, des « candidats sous influence » ,qualifiés également de « marionnettes entre les mains » du « système », et de « pantins dans les mains de ces intérêts privés », « tout juste bons à réciter la leçon ».

Bien, mais Marine Le Pen, elle, n’incarne-t-elle pas ce « système », cet ennemi numéro 1 qu’elle dénonce à tout bout de champs dans ses discours et interventions publiques ?

Avocate, elle s’inscrit au Barreau de Paris en 1992 et rejoint le cabinet de Georges-Paul Wagner… un intime de son père. Son premier boulot, elle l’a donc trouvé par connivence. Un an plus tard, en 1993, elle est candidate du Front national, le parti de papa, dans la 16e circonscription de Paris qui se trouve dans le 17e arrondissement. En 1998, elle décroche son premier mandat politique en tant que conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, élue dans le Nord sur la liste conduite par Carl Lang. La même année, elle rentre au service juridique du Front national. Elle ne quitte plus le parti où elle enchaîne les responsabilités, toutes distribuées par son père, jusqu’à la campagne présidentielle de 2002, où elle s’est révélée très efficace et qui marque son entrée dans le monde médiatique. Depuis, elle a occupé d’innombrables mandats locaux : conseillère municipale, régionale, pratiquement chaque fois dans une région différente. En 2004, elle est élue députée européenne. Depuis 13 ans, donc. Autrement dit, cela fait quand même 24 ans que Marine Le Pen fait de la politique, dans le giron de son père qui l’a recrutée, propulsée, avant qu’elle s’affranchisse de sa pesante tutelle. Mais sans son père, qui a été à l’origine de tous ses choix et de toutes ses opportunités professionnels, que serait Marine Le Pen ?

Marine Le Pen est aussi une héritière, et pas seulement en politique. Elle est propriétaire via une société civile immobilière de 12,5% de la propriété familiale de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), qu’elle a habitée jusqu’en 2014 et dont la valeur est estimée à un peu plus de 6 millions d’euros (son père possède les 75% restant). Montretout, c’est quoi ? Une belle demeure, un énorme manoir en fait : 430 mètres carrés, trois étages et 11 pièces…

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Selon L’Obs, « Marine Le Pen possède également des parts dans deux autres SCI : 0,57% du capital de la SCI Clergerie Hugo – propriétaire du « paquebot », le siège historique du FN à Saint-Cloud vendu 10 millions d’euros en avril 2011 – et 50% des parts de la SCI Palouma, acquises en août 2011 avec son compagnon Louis Alliot pour l’achat d’un pavillon à Millas dans la région de Perpignan d’une valeur de 270.000 euros. »

Cela, sans parler du patrimoine de la famille Le Pen, aux origines douteuses… C’est la fameuse histoire de l’héritage Lambert, du nom du cimentier Hubert Lambert, mort en 1976, qui a légué par testament (lequel aurait été rédigé entre deux tentatives de suicide…) une fortune colossale à Jean-Marie Le Pen : 30 millions de francs, ainsi que le manoir de Montretout.

Pour résumer, Marine Le Pen est donc héritière et rentière tant sur le plan familial que politique. Elle a obtenu son premier job grâce à papa, fait de la politique grâce à papa, est riche grâce à papa. Fille à papa, propriétaire, vieille routière de la politique dont elle a accumulé les mandats, elle a beau jeu de s’ériger en candidate de l’anti-système. La réalité, c’est qu’elle incarne le système – ou le « nanti-système » !

 


« Vous, vous êtes la candidate du nanti-système ! », lance Charline Vanhoenacker à Marine Le Pen

Par La rédaction

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