Il avait 39 ans. Il voulait commettre un attentat à l’aéroport d’Orly, « pour Allah ». Il promettait « des morts ». Il était décidé à aller jusqu’au bout. Pour marquer l’histoire, ou peut-être pour y rentrer. Devenir le héros qu’il n’avait jamais été. A la fin, sa mort n’aura servi qu’à salir la religion qu’il prétendait servir. Et à faire payer son père.
Tout avait mal commencé, d’ailleurs. Samedi matin, le jour de « son » attentat, à l’aube, il trouve le moyen de se faire arrêter par des policiers à Garges-lès-Gonesse. Il roulait très vite, sans feu – quel meilleur moyen de se faire repérer ? Là, il blesse légèrement un policier avec un pistolet à grenaille, puis prend la fuite. Il file dans un bistro, menace les clients… et laisse ton téléphone sur place. Ensuite, il vole une voiture à Vitry et se dirige vers Orly, sa destination finale, dans tous les sens du terme.
Terminal sud. 8 h du matin. Il y a beaucoup de monde, surtout des passagers qui s’envolent vers le sud. Il ignorait sans doute qui partait de ce terminal : des mamans avec leurs enfants partant vers le bled, des chibanis usés par le travail, des Algériens, des Tunisiens, des Marocains qui rentrent chez eux. Pratiquement que des musulmans, quoi.
A 8h22, il saisit une militaire, lui met son flingue sur la tempe et s’en sert comme bouclier. Il réussit à lui prendre son Famas, mais s’expose aux tirs des militaires. Au troisième tir, il s’effondre. C’est terminé. Tout est terminé.
L’autopsie révèle que, ce jour-là, il était shooté : alcool, cannabis et cocaïne, dont il était un consommateur régulier. Pas très compatible avec Allah, ça non plus. Son propre père l’a reconnu : « Mon fils n’a jamais été un terroriste. Jamais il n’a fait la prière et il boit. Et sous l’effet de l’alcool et du cannabis, voilà où on arrive ». Son père, d’ailleurs, mais toute sa famille au final : ce sont eux qui ont payé.
« Il me téléphone à sept ou huit heures du matin. Il était énervé à l’extrême, même sa mère n’arrivait pas à le comprendre. Il me dit : Voilà papa, je te demande pardon, j’ai fait une connerie avec un gendarme… Je lui ai dit non, moi je ne donne pas mon pardon parce que tu as touché à un gendarme », a raconté son père après sa garde à vue.
Toxico, mais aussi petit délinquant. Jusque-là, il avait commis des vols, dont un à main armée qui l’avait conduit en 2001 en prison, où il a passé 5 ans. Puis rebelote en 2009, mais cette fois pour trafic de drogue : 3 ans, puis 5 ans encore. C’est là qu’il a du se chercher une autre voie, peut-être pour se repentir, ou, dans une tentative désespérée, de donner un sens à sa misérable vie. C’est là, entre quatre murs, dans le silence de sa cellule, qu’il a eu l’idée de tuer des gens. Au nom d’un dieu qu’il ne connaît pas, d’une religion qu’il n’a jamais connue.
Il a voulu marquer l’Histoire en prenant des vies. Au final, il aura juste flingué la sienne.