Elle voulait faire de l’humanitaire, elle va vivre un enfer
Sophie, 34 ans aujourd’hui, avait un rêve : faire de l’humanitaire. En 2014, elle s’intéresse aux sort des opprimés, en Syrie, et aimerait bien leur venir en aide. Elle se fait embrigader par trois jeunes avec qui elle a travaillé dans une Maison de quartier où elle était éducatrice. Convaincue, motivée, elle décide de partir en Syrie avec son fils, pour trouver du « sens ». A son mari, elle dit qu’elle se rend là-bas en tant que bénévole pour un orphelinat. Elle pensait secourir des enfants opprimés dans un hôpital, en fait elle va vivre un enfer.
Dans un livre intitulé Dans la nuit de Daech, elle raconte son histoire : comment tout a commencé, comment elle s’est laissée entraîner, ce qu’elle a vu, et vécu, sur place.
« Apporter son aide aux Syriens est impossible, c’est un gros mensonge »
En février 2015, la voilà arrivée en Syrie, à Raqqa, après être passée par la Turquie. Les types ont grandi, ce ne sont plus vraiment des ados. A Raqqa, elle se retrouve dans un appartement miteux. Elle travaille dans une maternité, mais s’aperçoit vite que c’est plus une pépinière pour femmes terroristes. La cause des Syriens, des enfants Syriens, c’est de la foutaise : Daech s’en fiche, ce n’est qu’un prétexte pour attirer des femmes comme elle.
« Apporter son aide aux Syriens est en réalité impossible. C’est un gros mensonge. Parce qu’arrivé là bas, la cause n’est pas celle pour laquelle on est parti », raconte-t-elle dans une interview à Marianne. « Daech, c’est un petit monde de colons, très méfiant. Ce que j’entendais c’était surtout ça, la méfiance. Ils se méfient beaucoup des Syriens, ils estiment que ce sont des gens à rééduquer. C’est le discours qu’ils entendent et qui vise à opprimer, coloniser, prendre en somme la place d’un peuple », explique-t-elle.
Emprisonnée lorsqu’elle veut rentrer en France
Du coup, elle veut arrêter de travailler là, car ça ne sert à rien. Elle veut rentrer en France. On lui confisque son passeport et on la fait prisonnière. L’enfer commence. Il va durer deux mois.
Ses geôliers la placent dans une « madafa », une sorte de garderie pour femmes. « Les madafas sont des espèces de maisons où on garde et surveille les femmes. Dedans il y a toutes sortes de femmes, de toutes les nationalités, sans distinction, qui attendent. Certaines sont là parce que leurs maris combattants sont sur le front, d’autres sont divorcées. Les plus jeunes, elles, attendent d’être mariées. Il arrive que les combattants viennent se fournir dans les madafas. Il y en avait qui avaient l’air complètement droguées. C’est un endroit très surveillé, sans sortie, les portes sont constamment fermées à clef, il n’y a pas de fenêtres à travers lesquelles s’enfuir… », raconte Sophie.
Enfin, après de longues semaines, elle parvient à s’extirper de cet enfer, avec son fils, grâce à son mari resté en France et à des rebelles syriens combattant Daech. A son retour, elle est condamnée à quatre mois de prison pour extraction d’enfant par ascendant.