Une étude conduite par les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland dressent un constat en demi-teinte de l’adhésion des jeunes à l’ « absolutisme » politique ou religieux.
Rendus publics lundi 20 mars, les premiers résultats portent sur 7000 lycéens scolarisés dans quatre académies (Lille, Créteil, Dijon et Aix-Marseille). Ils permettent de mesurer le degré d’adhésion (ou la « porosité ») des 14-16 ans aux idées radicales.
Selon Anne Muxel, la radicalité » suppose un ensemble d’attitudes ou d’actes marquant la volonté d’une rupture avec le système politique, social, économique, et plus largement avec les normes et les mœurs en vigueur dans la société. Elle atteint son point le plus extrême lorsqu’elle s’accompagne d’une justification de l’usage de la violence. »
Une très grande majorité de lycéens imperméables à la radicalité
Les résultats permettent d’établir qu’ « une très grande majorité de lycéens est imperméable à la radicalité – dont les deux tiers des jeunes musulmans », souligne Anne Muxel, l’une des responsables de l’étude. Néanmoins, une petite minorité apparaît sensible aux idées radicales. Ainsi, 1 élève sondé sur 10 (11 %) adhère à ce que les chercheurs qualifient d’« absolutisme religieux ». Parmi les élèves sondés, les lycéens musulmans sont trois fois plus nombreux (32 %) à adhérer à cet« absolutisme » que l’ensemble des lycéens sondés (10,7 %). Et cinq fois plus que les jeunes chrétiens (6 %).
« Les chercheurs ont poussé plus loin l’analyse en combinant les mesures de l’« absolutisme » religieux et de la culture (non-religieuse) dite violente : 4 % des jeunes de toutes confessions défendent une vision absolutiste de la religion tout en adhérant à des idées radicales, alors que ce chiffre est de 12 % chez les jeunes musulmans de l’échantillon. Le triple, en somme », souligne Le Monde.
Y a-t-il un effet religion ?
Cela traduit-il un effet religion ? les chercheurs appellent à la prudence. D’abord, leur étude n’est pas représentative de la jeunesse française. « Nous avons choisi de surreprésenter certaines catégories dans notre échantillon en introduisant des critères de sélection des établissements scolaires : lycées situés en ZUS, où sont scolarisés une plus forte proportion de jeunes issus des catégories populaires ou issus de l’immigration, et où l’on compte en plus grand nombre des jeunes de confession musulmane », indique Anne Muxel.
Il ne s’agit pas, en outre, d’une mesure des comportements radicaux, ni de la propension de ceux qui sont sensibles aux idées radicales à passer à l’acte. « Il ne s’agit pas d’une mesure des comportements ni des passages à l’acte, renchérit Anne Muxel. C’est la porosité des lycéens aux idées radicales que nous avons voulu évaluer. On ne peut pas comprendre ces premiers résultats sans regarder les deux bouts de la chaîne, défend-elle : une très grande majorité de lycéens est imperméable à la radicalité – dont les deux tiers des jeunes musulmans – ; une petite minorité doit nous interroger ».