David Vallat à 44 ans. Il a une conviction : « les djihadistes ne sont pas irrécupérables ». La preuve : lui. car David Vallat est un « repenti », pas de Daech, car Daech n’existait pas encore à son époque, mais des groupes islamistes armés algériens qui sévissaient dans les années 90.
A cet époque, il avait 25 ans et, comme il le dit, il voulait « tout canarder ». Il en avait gros sur la patate, la rage au ventre, contre tout, tout le monde. A cette époque, en 1993, il n’allait plus à l’école depuis un bail et était entré dans ce qu’on appelle la « petite délinquance ». Il s’est converti à l’islam, un peu comme ça, entraîné par d’autres, et il est partie en Bosnie. La Bosnie, en 93, c’était un peu comme la Syrie aujourd’hui : on y allait pour faire de l’humanitaire et, très vite, on faisait la guerre, une sale guerre, au nom d’un islam dévoyé par des extrémistes.
Après la Bosnie, David Vallat part en Afghanistan, puis en Algérie où il rejoint les GIA, en pleine guerre civile, que l’on appelle là-bas la « décennie noire ». Finalement arrêté, il fait de la prison : 5 ans pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.
La prison a été sa chance
Pour lui, la prison a été sa chance. Elle lui donne l’occasion de faire le vide, de prendre du recul, d’y voir plus clair. « Là-bas, j’ai dévoré jusqu’à deux livres par jour ! » explique-t-il à La Croix. « Moi qui ne connaissais que le rapport de force, j’ai découvert le débat d’idées. » Puis il reprend ses études et décroche un BTS.
Les attentats de 2015 l’ont fait sortir de sa réserve. Il a voulu parler, expliquer ce qu’il a vécu, montrer en quoi c’était une sacrée connerie. « Je veux dire aux jeunes tentés par le djihad qu’il s’agit d’une voie sans issue. Leur dire qu’ils se fourvoient en fantasmant le martyr et en croyant qu’on peut donner un sens à sa mort à défaut d’en avoir trouvé un ici-bas. »
Aujourd’hui, David Vallat a refait sa vie. Il est chargé d’affaires dans l’industrie, il a une famille, il lit Rousseau. Il a appris à aimer la vie.