Des étudiants en master se sont lancés un pari osé : créer un jeu vidéo pour faire comprendre les mécanismes de radicalisation. Pari plutôt réussi.
Neuf étudiants du Master « Nouvelles Pratiques Journalistiques » à Lyon ont eu l’idée de créer un « serious game », intitulé ISIS the end ? (avec un jeu de mot sur ISIS et This is the end) pour traiter d’un sujet très délicat : le processus de radicalisation religieuse des jeunes.
Le point de départ du jeu est celui-ci : 2022 en France, les embrigadements au Jihad et la radicalisation des jeunes n’ont jamais été aussi préoccupants. Pour empêcher ces jeunes de partir en Syrie et les remettre dans le droit chemin, une unité spéciale, l’UNIR, a été créée.
Dans la peau d’un enquêteur de l’UNIR, une brigade anti-radicalisation
Le jeu nous met dans la peau d’un enquêteur de l’UNIR, une unité spéciale créée pour lutter contre la radicalisation en France, qui fonctionne grâce à une plateforme téléphonique mise en place après des attentats pour signaler tout cas suspect. Plusieurs cas de radicalisation sont prévus (quatre au total), comme par exemple ce prof d’histoire qui signale un brutal effondrement des résultats scolaires de l’une de ses élèves, Manon, âgée de 16 ans, et des propos extrêmes qu’elle a tenus en classe selon lesquels la France aurait mérité les attentats.
C’est là que le jeu commence, car pour chaque cas de radicalisation, le joueur doit enquêter, vérifier les faits, étudier le cheminement psychologique de la « personne ». Différents outils sont mis à disposition, comme l’accès à son profil Facebook, la base de données de l’UNIR, la possibilité d’interroger la famille ou des amis, ou encore l’accès aux fiches S.
Le jeu est plutôt bien fait car les processus de croyance et d’embrigadement par lesquels des jeunes se font piéger par la propagande de Daech, alias ISIS, sont mis en oeuvre de façon pertinente, comme la croyance dans les théories du complot, par exemple.
Quatre scénarios de radicalisation
Quatre jeunes sont mis en scène dans le jeu : Marion, Thomas, Rachid et Moussa. Quatre profils différents, fournissant donc quatre trajectoires de radicalisation, parfois un peu stéréotypées. Au fur et à mesure des investigations réalisées, le joueur comprend quels sont les ressorts de la radicalisation, comment le jeune a basculé, tout cela sur fond de musique inquiétante et d’atmosphère anxiogène.
Le but : empêcher ces jeunes de rejoindre Daech, c’est-à-dire de partir en Syrie. Parfois on réussit, parfois non. Mais l’important est de comprendre que chaque décision prise peut avoir un impact tragique.
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Vous pouvez jouer gratuitement à « ISIS The End ? » à cette adresse.
Vous pouvez aussi suivre toutes les informations concernant le jeu et échanger avec ses créateurs sur Twitter ou Facebook.