La théorie complotiste selon laquelle l’homme n’aurait jamais marché sur la lune

L’une des théories du complot les plus populaires est celle affirmant que l’homme n’a jamais marché sur la lune…

De tir en tir, d’animaux en hommes, l’espace peu à peu se peuple d’américains et de russes posant un pied devant l’autre jusqu’à fouler le sol lunaire le 21 juillet 1969. Mais dans cette suspicion généralisée qui caractérise la guerre froide, tout cela semble, pour certains, trop gros à avaler.

Dans le milieu des années 70, après le scandale du Watergate qui donne un sérieux coup à la possibilité même d’une confiance politique, après le conflit vietnamien et le difficile retrait des troupes, au cœur de cette décadence attendue du modèle américain, la Lune sur laquelle on a marché a de plus en plus, pour une frange conspirationniste naissante, le goût cartonné d’un décor hollywoodien.

Des studios hollywoodiens à Internet

L’ouvrage de Bill Kaysing et Randy Reid, We Never Went To The Moon : America’s Thirty Billion Dollars Swindle (1976) a d’abord paru suffisamment étoffé pour offrir une assise aux complotistes en herbe. Par la suite, c’est au tour du film Capricorn One (1978) d’alimenter les fantasmes : la conquête américaine de Mars… tournée dans un studio de cinéma ! En 2001, la Fox diffuse un documentaire de Craig Tipley : Conspiracy Theory : Did We Land On The Moon ? qui ravive et développe le vieil argumentaire de Kaysing et Reid. Enfin, en 2002, paraît le faux documentaire de William Karel, Opération Lune, qui tourne en dérision les théories complotistes et dans lequel il est question d’une collaboration entre Stanley Kubrick et la NASA menant à la construction d’images et de scènes d’alunissage. L’ironie ne sera malheureusement pas à la portée de tout le monde. À présent, ces quelques jalons de l’histoire du canular lunaire paraissent bien anecdotiques au regard de l’abondance et de la variété de l’expression conspirationniste qui pullule sur le Net et particulièrement sur les plateformes de vidéos en ligne.

Un canular monté par la NASA

Dans l’ensemble, les arguments complotistes se fondent principalement sur les images et les films mis à la disposition du public et qui, par chance, sont truffés d’incohérences qui prouveraient une supercherie élaborée en studio… il faut croire que la NASA, épaulée par Stanley Kubrick, n’avait ni les compétences ni le talent pour réaliser des images scientifiquement cohérentes et convaincantes. L’ensemble de l’argumentaire déployé a été maintes fois listé et largement réfuté. Voici un échantillon des thèses les plus fameuses… et fumeuses !

Sur les clichés fournis par la NASA, on ne voit pas d’étoile dans le ciel lunaire, ne serait-ce pas le plafond du studio ?

La NASA souligne la mauvaise qualité des photos. Capturer la brillance d’une étoile nécessite des réglages spécifiques, même sur Terre.

 

Les ombres ne sont pas parallèles, ce qui suggère la présence de sources lumineuses multiples (des spots ?)

Rappelons simplement que la présence de sources lumineuses multiples implique, pour un même objet, des ombres multiples : ce qu’on ne voit bien évidemment pas sur les clichés. De plus, le physicien Jean de Talois a montré que lorsque des ombres parallèles sont photographiées, c’est-à-dire lorsqu’elle passe de la réalité (3D) à la planéité de l’image (2D), elles semblent converger en un point de fuite.


Des objets dans l’ombre sont parfaitement éclairés (une nouvelle preuve de l’utilisation de spots ?)

Il ne faut pas oublier que le soleil entraine de nombreuses sources lumineuses secondaires. Par exemple, la Lune renvoie suffisamment la lumière du soleil pour éclairer un objet dans l’ombre.

Le drapeau semble être pris dans le vent alors qu’il n’y a pas d’air sur la Lune, les clichés ont donc été pris dans une atmosphère terrestre.

Le drapeau a pris une forme particulière (froissée) due à son conditionnement lorsqu’il a été sorti, donnant ainsi cette impression qu’il flotte au vent. Lorsqu’on compare différents clichés, on constate que le drapeau conserve toujours la même forme.


Les traces de pas sont trop nettes et paradoxalement le LEM n’a généré aucune trace à l’alunissage…

Les sols étaient simplement différents. Selon la NASA, une couche de régolite poudreux jonchait le sol sur lequel les astronautes ont marché, pas celui sur lequel le LEM s’est posé. Elle ajoute qu’il se peut que le sable ait été soufflé avant l’alunissage. En outre, la consistance du sol lunaire ainsi qu’un réacteur pas aussi puissant et démonstratif qu’on pourrait l’imaginer (on est bien loin de la fusée de Hergé !) interdisent la formation d’un cratère.

 

Sur les clichés, le premier plan change mais pas l’arrière-plan…

Sur la Lune, les distances sont perçues autrement que sur la Terre (la taille des deux astres n’étant pas la même). Deux images qui semblent montrer le même lieu peuvent en réalité représenter des endroits distants de plusieurs kilomètres.

Une lettre C apparaît sur une pierre…

Il s’agirait simplement d’un cheveu qui se serait collé au développement du cliché.

 

 

Dans les années 50, bien avant cette supercherie américaine, les allemands portés par une puissance extra-terrestre auraient établi une base secrète sur la Lune…

Sans commentaire.

 

La persistance de thèses conspirationnistes aussi délirantes que le Moon Hoax, quand celles-ci sont systématiquement réfutées, peut interpeler. Dans le cas de ce conspirationnisme lunaire, il est certain que se joue une crise de confiance à l’égard des autorités, mais une crise particulière empreinte du sombre héritage de la Guerre Froide. Et dans une actualité internationale qui prend de plus en plus les allures de cette « paix belliqueuse », le retour en force de ces théories est finalement assez convenu. Ce qui est plus inquiétant, c’est le vecteur de diffusion de ce genre de désinformation par lequel l’opinion et la croyance sont indument érigées au rang d’information véritable. Ce travestissement de la doxa cache en définitive une nouvelle forme d’« information », incontrôlée et affranchie de la déontologie inhérente aux cadres professionnels et institutionnels, et de surcroît difficile à démystifier ; en témoignent les tentatives toujours infructueuses de la NASA. En 2001, un américain sur cinq et presque un russe sur trois ne croyaient pas en ce premier pas sur la Lune…

 

Par La rédaction

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