Lundi 5 juin, 23h30, la rumeur d’un coup d’Etat au Qatar se répand comme une tâche d’huile sur le web arabophone. Relayée par des sites pro-saoudiens, elle parvient jusqu’à la Maison Blanche où le conseiller spécial du président Trump pour le Moyen-Orient tweete « l’info »… qui s’avérait être une intox.
L’offensive saoudienne contre l’émirat du Qatar, accusé de soutenir le « terrorisme, se déploie aussi sur le web. Dans la nuit du lundi 5 juin au mardi 6 juin, une rumeur faisant état d’un coup d’Etat contre le Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, l’émir du Qatar, se répand sur des sites de news arabophones.
Le conseiller de Trump reprend « l’info »
Pendant ce temps, au Qatar, le silence règne. Aucun communiqué, aucune prise de parole ne vient contredire cette rumeur, qui du coup s’amplifie, jusqu’à parvenir aux oreilles du conseiller spécial du président des Etats-Unis, Walid Pharès, qui cite dans un tweet une déclaration d’un certain « Front de libération du Qatar » :
Qatari anti Government statement circulating
A statement signed by the « Front for the liberation of Qatar » a… https://t.co/L5Vhd9Wh2i
— Walid Phares (@WalidPhares) 5 juin 2017
Evidemment, le fait que le conseiller du président américain cite ce communiqué (sans toutefois la confirmer) lui donne du crédit, et en assure la publicité.
Ce communiqué annonce rien de moins que la « destitution » de l’émir du Qatar, qui devra «comparaître devant la justice pour avoir gaspillé les richesses du peuple en soutenant le terrorisme et les terroristes et en fragilisant les relations régionales du Qatar». Pour le remplacer, un « haut conseil élu » gérera le pays en attendant qu’un nouvel émir soit désigné. Ce « front de libération » ne manque pas en outre de présenter des excuses « aux peuples arabes qui ont souffert de la politique du Qatar », en particulier en Syrie, en Egypte et au Liban, et s’engage à « restaurer les relations avec ses voisins » du Golfe.
Ces éléments reprennent pour l’essentiel les « éléments de langage » des Saoudiens par rapport au Qatar. Seul problème : il n’y a jamais eu de coup d’Etat au Qatar et l’émir Tamim est toujours aux commandes de son pays. Quant au « front de libération du Qatar », il n’avait jamais donné signe de vie avant… ni après cette intox !