Une avocate et militante musulmane a ouvert à Berlin une mosquée « progressiste », ouverte aux homosexuels et dans laquelle la prière est mixte.
« Un jour, Schäuble (ministère de l’Intérieur allemand de 2005 à 2009 – ndlr) a dit que le problème des musulmans progressistes était qu’ils ne sont pas organisés. Et je me suis dit qu’il avait raison.»
Celle qui parle, c’est Seyran Ates, 54 ans, avocate germano-turque et militante pour les droits des femmes musulmanes. Le 16 juin dernier, elle a ouvert sa propre mosquée à Berlin, qu’elle a nommé Ibn Rushd – Goethe. Un trait d’union qui rend hommage au célèbre médecin et philosophe musulman (plus connu sous le nom d’Averroès) et au poète le plus célèbre de la littérature allemande, islamophile de surcroît.

Seyran Ates (à droite), à la mosquée Ibn Rushd – Goethe / AFP
Cette mosquée, Seyran Ates l’a voulu inclusive et progressiste, afin de lutter contre les tabous et les préjugés sur l’islam. Hébergée par une église évangéliste, la mosquée a rapidement attiré l’attention des curieux et des médias.
La diversité est de rigueur
Sunnites ou chiites, akévas ou soufistes, tous les courants religieux sont bienvenus chez Seyran Ates. Celle-ci veut faire de sa mosquée un lieu de débat et de rencontre entre tous les musulmans, dans lequel les fidèles peuvent discuter du Coran ou des réformes de l’islam. Une façon de démocratiser la connaissance du Livre saint et d’échanger ses nombreuses interprétations.
Une mosquée ouverte
Ce n’est pas tout. La mosquée se veut aussi féministe et « gay-friendly ». Ce terme anglais désigne le fait d’être tolérant et bienveillant envers les personnes homosexuelles, sans forcément être militant pour cette cause. De plus , Seyran Ates, qui a longtemps milité pour les droits des femmes musulmanes, a décidé que la salle de prière de sa mosquée serait mixte. Hommes et femmes peuvent donc prier côte-à-côte. Pour la militante, cela permettra aux femmes de pouvoir plus facilement interagir avec l’imam qui guide la prière.

Dans cette mosquée, femmes et hommes peuvent prier côte-à-côte. / Ibn Rushd Goethe
A ceux qui l’accusent de ne pas suivre le Coran concernant la mixité dans les mosquées, elle répond que le prophète lui-même avait autorisé une femme (Oum Waraqa) à présider la prière des mulmans dans son secteur.
Montrer un autre visage de l’islam
Montrer qu’il existe un islam ouvert, tolérant et moderne et ne pas abandonner le terrain aux obscurantistes : voilà le projet de cette mosquée. « Nous voulons envoyer un message contre l’instrumentalisation de notre religion par le terrorisme islamiste », a déclaré Seyran Ates lors sa première prière du vendredi. Elle étudie désormais pour devenir la première femme imam d’Allemagne.
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