Après avoir perdu la bataille militaire, l’organisation terroriste Daech va-t-elle perdre la bataille numérique ?
C’est ce qui ressort d’une étude publiée dans le dernier numéro du magazine Perspectives on Terrorism, selon laquelle les bombardements de la coalition, la chute massive des ressources de Daech, mais aussi les mesures antiterroristes prises à la fois par les services de renseignement occidentaux et les opérateurs du web ont permis une réduction de façon très importante de leur propagande diffusée en ligne.
Selon Miron Lakomy, qui enseigne les relations internationales à l’Université de Silésie en Pologne, la faible quantité et la piètre qualité des vidéos de l’État islamique « sont le résultat de l’incompétence, d’un manque d’effectifs ou d’un travail effectué dans une hâte excessive », rapporte le HuffPost Quebec.
Un déclin marqué et régulier de la propagande de Daech
Cette étude vient confirmer une tendance à l’oeuvre depuis plusieurs mois. Ainsi, selon des données du Centre de lutte contre le terrorisme (CTC) de l’Académie militaire de West Point, aux États-Unis, le nombre de contenus produits chaque mois par daech est tombé de 761 en août 2015 à 194 en août 2016.
Pour Daniel Milton, un expert du CTC de West Point, « ce déclin marqué et régulier est le signe que la machine de propagande de l’État islamique s’est enrayée », écrit Daniel Milton. « De plus, aucun de ces contenus n’a eu de succès viral. »
Privés de moyens de production techniques sophistiqués, l’organisation terroriste est contrainte de recycler des contenus et de recourir à du photo-montage. La comparaison entre les premières vidéos de propagande de Daech, diffusées en 2014 et 2015 et de qualité « hollywoodienne » selon les experts, et les plus récentes permet de mesurer l’effondrement de moyens de propagande de l’organisation terroriste.
Internet devenu plus hostiles aux terroristes
Les efforts croisés sur le terrain, qui ont conduit à la destruction de nombreuses infrastructures de Daech, et en ligne ont produit leurs fruits. Sur le web, après de longues tergiversations, les réseaux sociaux se sont enfin décidés à lutter plus activement contre les contenus haineux et extrémistes, en particulier émis par des comptes djihadistes. Twitter et Facebook ont supprimé des milliers de comptes de djihadistes et Goggle s’est également engagé à développer des outils pour identifier et signaler plus rapidement ce type de contenus.
Evidemment, il est trop tôt pour affirmer que l’organisation terroriste, qui dispose encore de certaines ressources, est défaite aussi sur le terrain numérique. Son affaiblissement, cependant, représente une opportunité unique d’élaborer et de diffuser une contre-propagande – ou contre-discours – coordonné à l’échelle mondiale.