Etude sur l’ocytocine : non, des chercheurs ne veulent pas « droguer » des gens pour qu’ils acceptent les réfugiés !

Une étude sur les effets de l’ocytocine a été récemment publiée par des chercheurs dans une revue scientifique. En Allemagne, certains l’ont interprété comme une recherche visant à promouvoir une drogue destinée à faire accepter aux gens… les réfugiés.

L’ocytocine, c’est un neuropetpide sécrété par le cerveau, plus précisément l’hypophyse. Plus vulgairement, on l’appelle « l’hormone du bonheur », car elle a des effets sur la confiance, l’empathie, la générosité ou encore la sexualité.

Dans une récente étude publiée en juillet dans le journal scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs ont voulu voir quels étaient plus précisément les effets de l’ocytocine sur l’altruisme et la générosité d’une centaine de personnes à l’égard de personnes peu fortunées d’origine étrangère, rapporte Radio-Canada. Autrement dit, par l’introduction d’une dose d’ocytocine chez une centaine de sujets, les chercheurs ont voulu savoir si cette hormone affectait ou non la générosité et l’empathie à l’égard des étrangers.

L’ocytocine accroit la générosité, mais pas chez tout le monde…

La réponse de l’étude est claire : oui, l’ocytocine augmenterait, chez certains sujets, la générosité envers les étrangers, mais pas chez ceux qui se présentent comme xénophobes. Evidemment, il n’en fallait pas davantage pour que certains, en Allemagne mais pas seulement, s’emballent et voient dans cette étude une recherche destinée à mettre au point une « drogue » visant à mieux faire accepter l’accueil des réfugiés…

 

Pour l’extrême droite, l’étude vise à promouvoir une « drogue »

Ainsi, écrivait le site Breizatao (près de 6000 partages sur Facebook), en « Allemagne, des chercheurs mettent au point une drogue pour forcer la population à accepter les migrants ».

D’autres sites en Europe, souvent proches de l’extrême droite, ont fait la même interprétation de cette étude. Ainsi, le site breizh-info.com a titré : « une drogue pour rendre les occidentaux plus favorable aux mogrants ? »

Pour les auteurs de l’étude scientifique, ces récupérations sont consternantes. « Nous suivons avec consternation la propagation de ce type d’article », a ainsi affirmé par mail à Radio-Canada Nina Marsh, l’une des scientifiques responsables de l’étude. « Nous ne voulons absolument pas « droguer » des gens pour modifier leur attitude envers les réfugiés, a déclaré pour sa part (par mail également à Rdio-Canada) le Dr Dirk Scheele, un des chercheurs. D’un point de vue scientifique, nous nous intéressons simplement aux processus neurobiologiques qui affectent les décisions altruistes et égoïstes. »

Renforcer des comportements pro-sociaux

« L’ocytocine est une hormone endogène qui est libérée quand les gens célèbrent ensemble, dansent ensemble ou chantent ensemble dans un choeur, par exemple. Cela se produit aussi lors des grands rassemblements de partis politiquesUne telle situation favorise la libération d’ocytocine endogène chez les personnes rassemblées alors qu’au même moment les officiels leur parlent des enjeux qui les concernent. Les xénophobes pratiquent le même mécanisme, ils se rassemblent pour écouter leurs modèles sociaux, mais ils sont exposés à des signaux négatifs », note le Professeur René Hurlemann, du Centre médical de l’Université de Bonn, en Allemagne.

L’objectif de l’étude conduite sur l’ocytocine n’est pas de « droguer » les gens pour qu’ils acceptent les réfugiés, s’indigne le professeur Hurlemann, mais de mieux connaître les composants biologiques de l’altruisme et de la coopération, en identifiant notamment le rôle de l’ocytocine dans ces comportements, en particulier lors de rencontres et de rassemblements qui favorisent la libération de cette hormone.

 

Par La rédaction

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