Le réseau social n’en finit pas d’être attaqué pour son laxisme à l’égard des discours haineux. Après les critiques sur les débordements constatés en matière de harcèlement sexuel, Twitter est mis en cause pour avoir laissé prospérer des menaces de mort contre Charlie Hebdo.
Twitter est dans la tourmente. Régulièrement mis en cause pour son inertie face aux discours haineux et extrémistes, en particulier djihadiste, et son impuissance (ou mauvaise volonté) à modérer les tweets, Twitter affronte en ce moments deux tempêtes particulièrement puissantes en France.
Twitter mis en cause pour les débordements constatés en matière de harcèlement
La première est liée au harcèlement sexuel. Dans le sillage de l’ « affaire Weinstein », ce producteur de Hollywood accusé d’avoir violé et harcelé de nombreuses femmes, Twitter est dans le collimateur de la ministre en charge de l’égalité entre les hommes et les femmes. Marlène Schiappa a en effet écrit au réseau social suite à une violente campagne de harcèlement en ligne dont est victime la journaliste Nadia Daam.
Dans son courrier, la ministre rappelle que la provocation à la haine et à la violence et l’injure publique sont des délits punis par la loi, et précise que la lutte contre le cyber-harcèlement fait partie des priorités qu’elle s’est fixée dans le cadre de son mandat.
Marlène Schiappa ajoute que « la faiblesse de la modération des commentaires haineux » sur Twitter « a déjà été soulignée à plusieurs reprises par le passé ».
J’ai demandé à @Twitter et à @WebediaFR de prendre leurs responsabilités pour que cesse le cyber-harcèlement @claranote @nadiadaam pic.twitter.com/7TYvfBZ04s
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 3 novembre 2017
Twitter clarifie ses règles en matière de harcèlement
Sous le feu des critiques, Twitter a décidé de clarifier ses conditions d’utilisation. Le réseau social avait déjà annoncé en octobre qu’il renforcerait ses mesures contre le harcèlement afin de mieux prendre en compte les attentes du public suite à l’affaire Weinstein.
Après avoir rappelé son principe fondateur (« le contexte est important »), Twitter a précisé sa définition du harcèlement, entendu comme des « avances sexuelles non désirées » . « Il est interdit d’envoyer à une personne des contenus sexuels non désirés, de s’adresser à elle de manière sexuellement explicite ou de faire preuve d’une conduite sexuelle inappropriée de quelque nature que ce soit », a indiqué le réseau social.
Menaces de mort contre Charlie
Une autre affaire est venue, ces derniers jours, alourdir les charges qui pèsent sur Twitter, toujours concernant son absence de modération : les menaces de mort proférées sur le réseau social à l’encontre de Charlie Hebdo, à la suite de la Une consacrée à Tariq Ramadan.
Demain dans #CharlieHebdo #tariq #ramadan #6epilier #islam #viol pic.twitter.com/vA6CDYVu94
— Corinne (@cocoboer) 31 octobre 2017
Interpellé à l’Assemblée nationale mardi 7 novembre par le chef de file LREM Richard Ferrand lors des questions au gouvernement, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé qu’il souhaitait que «des poursuites» aient lieu «afin que des sanctions puissent être prononcées» à l’encontre des auteurs de menaces anonymes sur Twitter contre l’hebdomadaire. «Twitter n’est pas en dehors de la République», a souligné le premier ministre, qui a dénoncé «cet anonymat souvent dérisoire et souvent abject derrière lequel se cache un certain nombre d’individus pour proférer des menaces.»