À l’occasion de l’hommage national rendu au chanteur Johnny Halliday samedi 9 décembre à la Madeleine, certains n’ont pas hésité à relancer une polémique aussi vaine que nauséabonde.
Finkielkraut, initiateur de la polémique
Alors que des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour rendre hommage à « l’idole des jeunes », le philosophe-académicien s’est servi de cet instant de recueillement pour relancer une polémique aux relents racialistes.
Alain Finkielkraut a en effet estimé que seul « le petit peuple blanc » avait participé à cette cérémonie d’adieu, insistant sur le fait qu’une partie de la population française ne s’intégrait pas aux rassemblements nationaux.
« Le petit peuple des petits blancs est descendu dans la rue pour dire adieu à Johnny. Il était nombreux et il était seul. Les « non-souchiens » brillaient par leur absence » a-t-il déclaré sur les ondes de RCJ.
Ces propos ont immédiatement suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Certains internautes se sont ainsi demandés si Finkielkraut avait voulu dire que participer à la commémoration d’une icône est indispensable pour être un « vrai » français ? D’autres se sont interrogés sur l’existence de « vrais français » – les « souchiens » – par opposition aux « non-souchiens », qui seraient donc, toujours selon Finkie, de « faux français » ?
Donc, s’il y a des Français non-souchiens, c’est qu’il y a des Français souchiens. Bientôt des cartes d’identité différentes? Des droits différents? Des places de bus réservées? Et au restaurant aussi? À part ça, la vie est belle et #Johnny est mort pic.twitter.com/xNpuljXPVT
— jean-michel aphatie (@jmaphatie) 10 décembre 2017
Je refuse que #MaRedevance finance le salaire de cet individu qui créer des catégories de Français #Finkielkraut cc @mathieu_gallet pic.twitter.com/wkHIdffSbV
— Romain Colas (@romaincolas) 10 décembre 2017
Pour certains internautes, le philosophe français a utilisé la mort du rocker pour exposer son racisme et sa xénophobie décomplexés.
Le petit philosophe pyromane #Finkielkraut utilise la mort de #Johnny #Hallyday pour vomir son racisme décomplexé pic.twitter.com/j3h0TxToR8
— Jamal Ikazban (@ikazban) 10 décembre 2017
Une porte ouverte à l’extrême droite
Ni une, ni deux, il n’en fallait pas plus pour que la porte de la fachosphère s’ouvre grand. Plusieurs figures de l’extrême droite française, à l’instar de Robert Ménard, le maire de Béziers, ont ainsi rebondi sur les propos de Finkielkraut pour affirmer, dans son sillage, l’existence d’une « vraie France », qui aurait assisté à l’hommage, par opposition à une autre France qui, elle, serait restée à la maison.
Ainsi, le maire de Béziers a salué la « vraie France » de Johnny et fustigé dans un même élan ceux qui « voudraient la voir disparaître au plus vite ».
Un peuple simple, pacifique, heureux a rempli les rues de #Paris hier. Une « France d’avant » que certains voudraient voir disparaître au plus vite. Dommage pour eux, elle est encore bien vivante, la France de #Johnny !#HommageAJohnny #JohnnyHallyday
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 10 décembre 2017
Des internautes ont sauté sur l’occasion pour déverser leur haine sur les réseaux sociaux, en mettant en avant l’idée que la « France » qui a assisté à l’hommage serait la « vraie » France, éternelle, insinuant l’idée que ceux qui n’y auraient pas assisté – sous-entendu les musulmans, les « banlieues », les « immigrés », etc. – ne feraient pas partie de cette France-là.
Et pas une seule image de femme voilée, de toute façon l’islam n’aime pas la musique. Ça faisait vraiment du bien de voir cette vraie FRANCE.
— Eric🔵⚪️🔴 (@Ricoberg) 10 décembre 2017
Dominique Bussereau, député Les Républicains et ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, a lui aussi rebondi, à sa manière, sur les propos de Finkielkraut dans une interview à Sud radio. À la 11ème minute dans la bande-son ci-dessous, le journaliste lui demande : « Est-ce que la France dans sa diversité était là ? ». Et le député LR de répondre : « Je n’ai pas regardé les images en direct. Je n’ai pas regardé les images en direct mais c’est vrai, pour vous répondre (…) que j’ai pas vu en effet le peuple de Seine-Saint-Denis mais peut-être qu’il était là partiellement. C’était une certaine France qui était là. ».
Même à l’occasion d’un rassemblement national et consensuel, certains n’hésitent ainsi pas à ressasser leurs obsessions identitaires, au mépris de la mémoire d’un grand artiste disparu.