Face aux tensions politiques et sociales, à la montée du populisme en Europe, beaucoup d’associations et de citoyens sont mobilisés au profit de l’accueil et de l’intégration des migrants.
Depuis 2010, on assiste à la crise migratoire la plus importante depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Cette migration de masse est devenue un enjeu majeur pour l’Europe, créant de fortes tensions politiques et sociales.
La propagation du Printemps arabe en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Parti de Tunisie, avant de s’étendre à l’Égypte, à la Libye, au Yémen, au Bahreïn, puis en Syrie, ces manifestations pour « le pain, la liberté et la justice sociale » sont devenus des conflits internes de grande ampleur. La situation critique en Irak, en Afghanistan, en Érythrée, au Soudan ou encore en Somalie ont contribué à la crise. Cependant, c’est la tournure de la guerre en Syrie qui a entraîné cette vague de réfugiés.
Avec l’aide d’Arte info, nous présentons des initiatives citoyennes positives. « Révoltées par le mauvais traitement que leur réservent la plupart des Etats européens, ces personnes font tout leur possible pour que la situation des réfugiés s’améliore dans leur pays d’accueil ou de retour chez eux. »
Aux Pays-Bas, la compagnie Lampedusa propos aux touristes une visite atypique de la ville d’Amsterdam. Une visite historique et culturelle qui met l’accent sur l »histoire migratoire du pays et de la ville. Les ballades sont faites par des réfugiés, formés par la compagnie. L’initiative leur permet de travailler, mais également de raconter leurs histoires.
« Je crois qu’on ne voit pas assez le potentiel de la migration, c’est un point central dans notre projet. Je crois qu’il est évident qu’un réfugié est une personne dont on se moque jusqu’au jour où on est avec lui sur un bateau ». Teun Castelein, fondateur de la compagnie Lampedusa.
En Grèce c’est Khalil, psychologue palestinien, de l’ONG médicale WAHA et Rula, neuropsychiatre syrienne, qui interviennent auprès de familles. Eux-mêmes réfugiés en France, ils se mobilisent pour venir en aide aux personnes souffrant de traumatismes psychologiques, de dépressions… En effet, le traumatisme de guerre comme le manque de perspectives plongent des milliers de réfugiés dans la dépression et une détresse totale.
Du côté français, l’artiste espagnole Paloma Fernández Sobrino a lancé avec l’association « L’âge de la tortue », un projet de mémoire artistique : l’Encyclopédie des migrants. Après trois ans de travail en coopération avec une cinquantaine d’associations réparties dans huit pays, le recueil a été publié en mars. Il compile les témoignages de quatre-cents migrants venus s’installer en Europe. L’encyclopédie permet de « légitimer l’histoire de l’immigration comme un savoir académique ». C’est également un bon moyen de mettre en avant l’apport culturel du phénomène migratoire.
«Toutes ces histoires individuelles participent aussi de histoire de nos villes et plus largement de nos pays et si on étend les frontières de l’Europe » Antoine Chaudet, association l'âge de la tortue.
«Le phénomène migratoire c'est quelque chose qui a dessiné l’histoire de l’humanité. De l’immigration il y en a hier, aujourd'hui et il y en aura demain » Paloma Fernández Sobrino.
En Allemagne, une association accompagne les réfugiés dans leurs projets professionnels. Sur le même modèle que l’association « Singa » en France, c’est une filiale qui s’est ouverte à Berlin. Afin de faciliter l’intégration sur le long terme, l’association aide des migrants à former leurs propres entreprises.
« Cette alternative est très importante pour les nouveaux arrivants et les réfugiés car trouver un job sur le marché du travail est parfois bien plus difficile que de créer sois même son emploi » Luisa Seiler, fondatrice de Singa Allemagne.
C’est au large des côtes tunisiennes que Chamesddine Marzoug met à profit toute son énergie, pour enterrer dignement les migrants échoués sur le littoral. Depuis le début de l’année, il a enterré 72 personnes et 350 en 10 ans. Il enterre les corps dans une décharge municipale qui est devenue un cimetière. Au vu du nombre sans cesse important des corps sans vie qui s’échouent sur les côtes, Chamesddine manque de place. Il lance sur internet un appel aux dons pour acheter un terrain et continuer son travail de mémoire.
« Avoir un cimetière pour la dignité et le respect de ces personnes » Chamesddine Marzoug.
En Jordanie, ce petit pays qui accueille un nombre considérable de migrants, différentes initiatives voient le jour. Une ONG norvégienne « Norvegian Refugee Council », a créé un programme de colocation. En échange d’une aide à la construction de maisons, d’habitations, elle incite les jordaniens à accueillir des réfugiés. Ce programme permet d’améliorer les conditions de vie des migrants et de resserrer les liens entre les deux communautés. C’est une véritable alternative aux camps de réfugiés.
« Ce programme crée un cercle vertueux » Rodrigo Melo, responsable de Norvegian Refugee Council.