La guerre civile fait toujours rage, d’un côté, l’armée et ses alliés, et de l’autre, des combattants rebelles ou djihadistes. Et coincés entre ces atrocités, des civils las de cette situation.
Une solution « 100% syrienne et citoyenne »
Des représentants de grandes familles syriennes et de clans alaouites, sunnites, chrétiens et kurdes échangent et débattent ensemble depuis plusieurs mois. Ils disposent tous d’un poids politique, social ou religieux influent en Syrie. Au-delà les frontières d’un conflit fratricide, cette collaboration inter-communautaire croit en la résolution de ce conflit par le biais de la fraternité, de la tolérance et de l’unité nationale. Une collaboration inter-religieuse inattendue, quand la communauté alaouite est systématiquement associée au clan El-Assad et les sunnites sont assimilés aux rebelles.
Ces syriens se retrouvent fréquemment et discutent d’une solution alternative pour reconstruire un pays meurtri et divisé. Ils optent pour une vision d’en bas, apolitique et qui rejette toute affiliation au régime comme à l’opposition. Ils souhaitent élever la voix des syriens, victimes des deux camps et fatigués par cette guerre civile. Pour ces représentants de la société syrienne, les réunions internationales au sommet sont perdues d’avance car trop axées sur les intérêts individuels et le pouvoir.
"Nous avons été invités à Genève, mais avons préféré rester à l’écart pour ne pas être corrompus ou récupérés par le régime ou l’opposition islamiste. Ce sont les parties au conflit qui discutent à Astana ou à Genève, celles qui se lavent les mains du sang versé par les Syriens. Nous sommes les 80 % de Syriens qui n’ont pas pris part au conflit".
Réinventer la coexistence religieuse et l’unité syrienne
Un code de conduite pour la coexistence syrienne a été adopté puis signé. Il s’organise en onze points, tous inspirés par les pères fondateurs de la Syrie qui ont mené le mouvement d’indépendance contre le mandat français. Le but est de mettre en place un nouveau contrat social pour une Syrie unie, diversifiée et libre où les droits individuels seront respectés. Ensemble, ils souhaitent bâtir une société où le sectarisme n’aura plus sa place.
"Nous sommes comme le médecin généraliste qui a pu établir le diagnostic mais ne peut fournir le traitement. Nous cherchons désormais le spécialiste qui peut nous aider à guérir la maladie".
Aujourd’hui, ils veulent médiatiser leurs discussions en espérant que « la communauté internationale se tournera vers cette initiative de la société civile ».