Les pays d’Afrique du nord se mobilisent pour lutter contre l’extrémisme

De plus en plus d’initiatives voient le jour en Afrique du nord pour combattre l’extrémisme religieux.

Cibles de l’extrémisme violent, théâtres sanglants du terrorisme, les pays d’Afrique du nord multiplient les initiatives pour lutter contre le radicalisme religieux et tenter de prévenir la radicalisation, notamment à travers la formation du personnel religieux. Dans ce contexte, la société civile, mais aussi les autorités publiques, jouent un rôle croissant.

Traumatisée par la « décennie noire », l’Algérie veut promouvoir un islam modéré

L’Algérie, connue pour avoir une réelle et profonde expérience en ce qui concerne la lutte du terrorisme, représente aujourd’hui la preuve qu’il est possible d’endiguer la menace terroriste. Dernièrement, Mohamed Aïssa, ministre des affaires religieuses a annoncé la création d’un observatoire national de lutte contre l’extrémisme sectaire. L’objectif premier de cet observatoire est de défendre un « référent religieux national », en luttant contre les dérives religieuses sectaires et l’extrémisme religieux. Cet observatoire servira également de contre propagande et permettra de diffuser le « message véritable de l’Islam » par le biais de publications de savants afin de discréditer les messages extrémistes. L’institution d’état entrera en vigueur courant 2018.

Moins récemment, le gouvernement algérien a organisé un atelier international sur la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme à Alger. Une initiative qui s’inscrit dans la continuité de la politique algérienne face au terrorisme. Cet atelier a réuni des hauts fonctionnaires, des experts, des représentants des pays membres du Forum global de lutte contre le Terrorisme (GCTF) et du Conseil de Sécurité de l’ONU, ainsi que les pays de la région du Sahel et des organisations internationales et régionales, dont l’ONU, l’Union africaine (UA), l’Union Européenne (UE), Afripol, Europol, la Ligue des Etats arabes et l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI).

On peut également évoquer le concours national mis en place pour l’accès aux instituts de formation des cadres des affaires religieuses. Pour pouvoir accéder à ces formations, les candidats devront répondre à certains critères, dont la maîtrise du référent religieux national.

Le Maroc s’implique pour lutter contre l’extrémisme et mieux former les imams

Rabat suit également la politique algérienne en termes de prévention et de lutte face à la radicalisation et au terrorisme. Mohamed VI a placé en tête de ses priorités la lutte contre le terrorisme et la radicalisation religieuse. Les services de sécurité marocains sont reconnus pour avoir démantelé de nombreuses cellules terroristes.

En partenariat avec les Pays-Bas, le Maroc a été reconduit à la présidence du Forum Mondial de Lutte contre le Terrorisme (GCTF) pour un mandat supplémentaire, et ce, jusqu’en 2020. Le GCTF est une plate-forme apolitique qui consiste en l’identification des besoins nécessaires à la lutte contre le terrorisme et en l’amélioration de la coopération mondiale face à ce problème international.

Vendredi 20 octobre 2017, le roi Mohamed VI a inauguré, l’extension de l’institut de formation des imams, des prédicateurs et des prédicatrices. Installé à Rabat, cet institut créé en mars 2015 forme des imams venus du Mali, de Côte d’Ivoire, de Tunisie, de France, du Nigéria et du Tchad. Le but est de promouvoir et diffuser les vrais préceptes de l’Islam en formant la nouvelle génération d’imams, et contrer les prêches et les discours extrémistes. Cette extension est preuve de l’attractivité de ce lieu de formation. 778 étudiants étrangers étudient le Coran et se forment pour devenir imams. Un chiffre impressionnant.

Au sein de l’institut se trouve aussi une branche réservée à la formation de futurs imams. Une initiative qui a beaucoup fait parler d’elle. Désormais les femmes aussi pourront étudier afin d’enseigner à leur tour l’étude du Coran au sein de mosquées ou d’institutions sociales et/ou académiques.

 

Le cas de la Tunisie diffère de ses voisins.

Contrairement au Maroc et à l’Algérie, la Tunisie a vécu le printemps arabe. « La révolution du Jasmin » entre décembre 2010 et janvier 2011 a permis aux tunisiens de se séparer du dictateur Zine Al-Abidine Ben Ali. « Pain, liberté, justice sociale » les mots d’ordre de cette révolution. 6 ans après, le changement n’est pas au rendez-vous et la Tunisie doit faire face à la montée d’un radicalisme religieux, dans lequel les jeunes révolutionnaires trouvent refuge.

Pour beaucoup, la lutte contre le terrorisme en Tunisie devrait passer par la lutte contre le chômage, la pauvreté et la corruption. À défaut de proposer de véritables réformes sociales, le gouvernement s’est engagé à lutter contre la propagande radicale sur internet et plus précisément sur les réseaux sociaux. Mohamed Khalil, ministre des affaires religieuses annonce vouloir miser sur internet pour communiquer avec la jeunesse : « Les extrémistes utilisent les réseaux sociaux et le net pour endoctriner nos jeunes, nous on les utilisera pour répandre l’islam de paix et d’amour ». En collaboration avec le ministère de l’Intérieur, un projet de stratégie médiatique et de communication a été lancé.

Le gouvernement tunisien a soutenu dans son programme politique, un projet d’inclusion du Sahara. Cela consisterait à l’intégration économique et social des régions sahariennes du territoire. Pour Tunis ce serait un moyen de renforcer la sécurité et de contrer les réseaux terroristes et les réseaux de contrebande. Le projet devrait commencer courant 2018.

Pour lutter contre le terrorisme, le pays du jasmin peur compter sur la grande mobilisation de sa société civile. « L’Initiative des jeunes tunisiens contre le terrorisme » ou encore « SOS terrorisme », sont deux organisations non gouvernementales. La première travaille pour contrer l’extrémisme violent dans le pays. Elle étudie également les facteurs de radicalisation en Tunisie puis envisage et propose des programmes de réadaptation et de réinsertion d’anciens combattants djihadistes. La deuxième a pour vocation de lutter contre le terrorisme religieux qui se réclame de l’islam djihadiste. De plus, elle œuvre pour la promotion de la tolérance et le dialogue entre les religions, elle souhaite informer et sensibiliser les jeunes de l’embrigadement terroriste et prône la tolérance.

Campagne de lutte anti terroriste : « Le terrorisme, je suis musulman je suis contre », et en bas à droite « Le terrorisme n’a pas de religion ».

L’Egypte veut former 2000 femmes imames

L’Égypte, située entre la Libye et les portes du Moyen-Orient, occupe une place très critique. Elle voit souvent des combattants du Maghreb passer par son territoire et revenir par ses frontières. Cette place, lui a valu d’ailleurs de nombreuses attaques notamment envers la population chrétienne qui vit là depuis des millénaires.

Le Caire continue de souffrir du terrorisme. Dans le but de remédier à ce fléau, le ministre des affaires religieuses et l’université d’Al-Azhar ont mis en place l’observatoire d’Al-Azhar en avril 2015 afin de corriger les messages erronés de l’Islam qui surgissent dans les milieux extrémistes et djihadistes et se diffusent de plus en plus dans la pensée collective et nationale. L’objectif de cette institution est à la fois de protéger les jeunes musulmans et les convertis de la propagande qui se fait au nom de la guerre sainte. De cette manière, le recrutement sera plus difficile. Leur fonctionnement se base sur des publications régulières de rapport sur l’Islam et les musulmans dans le monde, sur la place de l’art dans l’Islam, celle de la démocratie, des femmes etc Les publications se font dans sept langues, dont le français afin de permettre à un maximum de personnes de se renseigner et d’apprendre.

Dans la même volonté, le chef de l’établissement d’Al Azhar qui est l’institution de référence pour les musulmans sunnites, a nommé des femmes dans des mosquées qui ont comme titre : des prédicatrices, comme évoqué pour le cas du Maroc. Le but est de permettre aux femmes d’avoir une référence en termes de connaissance religieuse et de pouvoir être conseillée, guidée.

Cette petite révolution a quand même une limite : elles n’auront pas le droit de diriger les prières… cette mission reste exclusivement réservée aux imams.

Par La rédaction

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