La manifestation des couturières new-yorkaises à l’origine de la journée internationales des droits des femmes n’a … jamais eu lieu. Retour sur un mythe qui se renouvèle chaque année !
Mais alors si l’on ne commémore pas le combat de ces couturières alors que célèbre-t-on vraiment le 8 mars ?
Remonter au commencement
En 1907, à Copenhague se déroule la première conférence internationale des femmes socialistes, Clara Zetkin, militante allemande invite les prolétaires du monde à s’unir. Lors de cette conférence, la décision est prise d’organiser une journée internationale des droits des femmes. Pour l’historienne F.Picq qui a démasqué ce mythe, aucune date n’a été avancée mais le principe est admis, il s’agit de mobiliser les femmes « en accord avec les organisations politiques et syndicales du prolétariat dotées de la conscience de classe ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser et ce qu’on pense aujourd’hui, la journée des femmes n’est donc pas à l’initiative des féministes mais bien du mouvement socialiste. Françoise Picq explique que les socialistes ne voulaient pas d’une alliance avec les « féministes de la bourgeoisie ». La journée des femmes va dans un premier temps être célébrée en URSS, valorisant principalement la classe ouvrière, la paix et l’amitié entre les peuples.
Une journée qui s’internationalise
En 1955, le journal L’Humanité, réécrit l’histoire, dans un article il va évoquer cette prétendue grève des couturières new-yorkaises.
« II était donc une fois, à New York, en 1857, des ouvrières de l’habillement. Elles travaillaient dix heures par jour dans des conditions effroyables, pour des salaires de famine. De leur colère, de leur misère, naquit une manifestation » (L’Humanité-Dimanche, 13 mars 1955).
Cette version romanesque va être reprise par la presse et prendra rapidement le pas sur la réalité. Cette journée initialement proposée par les socialistes va devenir la commémorations des ces courageuses couturières qui manifestent contre leurs conditions de travail.
Une teinte féministe
Dans les années 80, la journée des femmes se teinte d’une touche féministe. Les féministes américaines très actives vont donner un nouveau sens à cette journée, intiment convaincues que la vision communiste n’était que trop réductrice. Elles ne veulent plus porter le combat sur la condition ouvrière, elles veulent sortir de « la luttes des classes » pour endosser la « lutte des sexes » à bras le corps. Liliane Kandel et Françoise Picq expliquent :
« La lutte des ouvrières pour leurs conditions de travail fait certes partie de la lutte des femmes, mais nous refusons qu’elle soit prise en modèle unique, seul acceptable et opposé à toutes les autres considérées comme “ bourgeoises ”. Nous refusons que cette version féminine du premier mai soit célébrée pour mieux être démarquée des luttes féministes pour l’égalité juridique ou le suffrage des femmes, de l’acharnement des intellectuelles forçant l’entrée des carrières interdites aux femmes, de la résistance des suffragettes anglaises torturées et gavées de force dans les prisons »
Une utilité aujourd’hui ?
On peut reconnaitre l’utilité de cette journée, elle oblige les gouvernements à annoncer des mesures, même symboliques et de donner la parole à des femmes etc. C’est une journée qui permet de revenir sur les combats, les droits, menés et acquis par les femmes dans le monde entier.
Mais c’est aussi une journée qui va occulter tout le reste, tout ce qui n’est pas fait le reste de l’année. Une journée qui va rapidement être récupérée par tous ceux qui le peuvent et qui de ce fait véhicule un trop plein de stéréotypes. On aura en tête les journaux télévisés qui vont valoriser es femmes à travers trois facteurs : comme des consommatrices, comme mamans, ou encore comme séductrices.
Pour aller plus loin :
Les déclarations de la journée internationale des femmes, entre récit, occultation et performativité.