Le « grand remplacement », une théorie complotiste d’extrême droite qui a inspiré le terroriste de Christchurch

Le « grand remplacement » est un fantasme théorisé par l’intellectuel d’extrême droite Renaud Camus, selon lequel il existerait un processus de substitution de la population française et européenne, « blanche » et « chrétienne », par une population immigrée en provenance d’Afrique du nord et d’Afrique subsaharienne.

Cette « théorie » a inspiré le terroriste de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, qui a perpétré un attentat contre deux mosquées le 15 mars 2019, tuant 50 personnes. Dans un manifeste de 74 pages publié sur les réseaux sociaux, le terroriste a expliqué ses motivations en faisant référence au « grand remplacement », une idée qu’il a découverte lors d’un séjour touristique en France en 2017. Il s’est présenté comme « fasciste » et dénoncé un « génocide blanc ». Il a lui-même revendiqué avoir commis une « attaque terroriste ».

Voici par exemple ce que le tueur écrivait dans son manifeste, afin de justifiant l’acte qu’il s’apprêtait à perpétrer :

« Dans le parking je voyais tous ces envahisseurs. J’ai roulé dans une autre ville. […] Je me sentais désespéré par cette invasion de la France, le pessimisme des Français, la perte de notre culture et de notre identité. »

Un fantasme reposant sur la peur, largement invalidé par les faits

Le « grand remplacement » repose sur une série d’idées fausses, notamment la perception d’une immigration « massive », de l’ordre de l’ « invasion », ainsi que d’une islamisation elle aussi « massive ». Les faits donnent tort à ces deux idées : la proportion d’immigrés rapportée à la population totale est stable depuis plusieurs années (autour de 9%) et n’a que très peu augmenté depuis 20 ans (de 7% à 9% de la population totale), soit une part très inférieure à celle de nombreux pays de l’OCDE, comme les Etats-Unis, la Norvège, la Suisse, l’Autriche ou encore le Luxembourg.

Nous rappelons quelques faits dans cette vidéo :

Une théorie complotiste d’extrême droite

Le « grand remplacement » tel que l’a prophétisé Renaud Camus dans un livre paru en 2011 fait écho aux écrits d’autres activistes ou intellectuels de l’extrême droite, à l’instar de l’écrivain français Jean Raspail qui a publié un livre en 1973, Le camp des Saints, dans lequel il annonçait une « catastrophe migratoire ».

D’après Renaud Camus, un « pouvoir remplaciste » serait à l’oeuvre – collusion des élites et des principaux responsables politiques, avec la complicité de l’Union européenne bien sûr – afin de conduire ce processus de substitution d’une population immigrée à la population autochtone. Le but de cette politique « délibérée » est de « disposer d’un homme remplaçable, pion sur un échiquier, délocalisable à merci ».

Cette théorie, longtemps confinée dans les milieux d’extrême droite, a été popularisée par plusieurs figures médiatiques de l’extrême droite en France, à l’instar d’Eric Zemmour ou bien de Robert Ménard, le maire de Béziers.

Ce fantasme fait aussi des émules inattendues, comme par exemple la journaliste Géraldine Woessner, qui officie sur Europe 1, auteure d’un thread remarqué publié sur Twitter après l’attentat de Christchurch :

 

Par La rédaction

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